Lettre de dénonciation concernant les conditions de travail des AESH et l’état de l’inclusion scolaire en France
Mission de contrôle
Lettre de dénonciation concernant les conditions de travail des AESH et l’état de l’inclusion scolaire en France
Je me permets de vous écrire en tant qu'Accompagnant d'Élève en Situation de Handicap (AESH) pour vous faire part de la situation alarmante que vivent, au quotidien, les élèves en situation de handicap dans les établissements scolaires et, par extension, les AESH qui les accompagnent.
Si l’inclusion scolaire est affichée comme une priorité, la réalité est toute autre. L’école inclusive n’est, pour beaucoup, qu’une façade. Derrière ce concept, les élèves en situation de handicap peinent à trouver leur place, faute de moyens et d’adaptations concrètes. Trop souvent, ils sont simplement intégrés dans des classes ordinaires sans que les conditions ne soient réellement adaptées à leurs besoins. Ce sont ces enfants vulnérables qui subissent cette inégalité, et nous, AESH, qui nous retrouvons à devoir combler les nombreuses lacunes du système avec des ressources très limitées.
Manque de moyens
Les écoles manquent cruellement de budgets pour offrir aux élèves en situation de handicap des espaces adaptés : des salles de détente ou des outils sensoriels indispensables à leur bien-être. Les équipements spécifiques, comme des chaises ergonomiques ou des balles d’assise, ne sont pas disponibles, et cela impacte directement la qualité de l’apprentissage de ces enfants.
Programmes non adaptés
Le manque d’anticipation dans la création de programmes adaptés est un autre problème majeur. Trop souvent, les activités pédagogiques ne sont pensées qu’au dernier moment, sans tenir compte des spécificités de chaque enfant. Cette improvisation ne permet pas aux élèves de progresser à leur rythme, et nous, AESH, nous retrouvons à devoir compenser cette absence de préparation, sans disposer des outils nécessaires.
Manque de formation et de reconnaissance
En tant qu’AESH, nous ne sommes ni formés de manière adéquate, ni reconnus à notre juste valeur. Bien que notre rôle soit essentiel au bon déroulement de la scolarité des enfants en situation de handicap, nous sommes laissés de côté, souvent considérés comme de simples aides à la tâche. Nous sommes pourtant bien plus que cela. Nous avons besoin de formations continues, spécifiques à chaque type de handicap, afin de mieux accompagner ces élèves.
Conditions de travail précaires
Nos conditions de travail sont également très précaires. Nous sommes souvent à temps partiel, avec des salaires largement en dessous du seuil de décence. Ce manque de stabilité et de reconnaissance contribue à une démotivation générale dans nos rangs, alors même que notre mission est essentielle au projet de l’inclusion scolaire.
Nécessité de concertation
L’inclusion véritable demande également des échanges réguliers entre enseignants, AESH, psychologues, parents et autres professionnels de l’éducation. Or, ces réunions sont trop rares et se font souvent en coup de vent, entre deux cours ou lors de réunions annuelles qui ne permettent pas de répondre aux besoins urgents des élèves.
Conclusion
Nous ne pouvons plus continuer dans ces conditions. Nous demandons une école véritablement inclusive, où chaque enfant a accès à un environnement, un programme et un accompagnement adaptés. Nous demandons des moyens concrets, un soutien pour les AESH, et surtout une prise de conscience réelle des difficultés que vivent les élèves en situation de handicap et les professionnels qui les accompagnent.
L'inclusion scolaire ne doit pas rester un idéal, elle doit devenir une réalité, et cela passe par des investissements, des aménagements et une reconnaissance pleine et entière de notre métier.
Dans l’attente de mesures concrètes pour améliorer nos conditions de travail et celles des élèves que nous accompagnons, je vous prie d’agréer l’expression de ma considération distinguée.