Réimplantation de zones bocagères et préservation des haies dans nos champs : outils nécessaires à la préservation des espèces menacées d'extinction
Texte législatif
Réimplantation de zones bocagères et préservation des haies dans nos champs : outils nécessaires à la préservation des espèces menacées d'extinction
Les structures bocagères consistent en des régions rurales où les champs cultivés et les prés sont enclos de haies. Ce sont des paysages enclos verdoyant qui s’opposent à l’openfield, paysage agraire à terre ouverte. Aujourd’hui, le bocage est une caractéristique des paysages du Grand ouest, du Centre de la France, de la Bourgogne ou encore de l’Avesnois, du Boulonnais ou de Vimeu.
La haie a longtemps été présentée comme un frein à l’activité agricole, en ce qu’elle aurait fait perdre de la surface cultivable notamment par l’ombre qu’elle aurait apportée aux cultures, et de par la place qu’elle aurait occupée : Elle ferait perdre jusqu’à 10% de la surface cultivable sur une parcelle de grande taille et jusqu’à 25% sur une parcelle de petite taille.
On reproche également à la haie de gêner les manœuvres des charrues, et aujourd'hui des machines motorisées, toujours plus imposantes. Ses détracteurs ajoutent que la haie nécessite un entretien, ce qui ajoute une contrainte supplémentaire à l’agriculteur, et ce afin qu’elle ne se développe pas de trop et ne recouvre pas de surface cultivable. Enfin, la haie abriterait des animaux dits nuisibles aux cultures, et servirait de réserve aux graines de mauvaises herbes.
Ainsi, présentée comme un facteur limitant l’activité agricole, par les services publics en charge de ces questions, et par les agronomes, au lendemain de la seconde guerre mondiale, à l’heure de l’intensification des pratiques agricoles, l’arasement massif des haies, mises en place en France, a entrainé une régression du nombre de haies de 45 000 km par an entre 1960 et 1980. Cela équivaut à 1 million de km en vingt années. Il reste moins d’un tiers des haies présentes en France entre 1850 et 1910.
Néanmoins, pour plus de six agriculteurs sur dix, la principale fonction de la haie reste l’embellissement et ils refusent ainsi de réintroduire des talus et haies dans leurs champs.
La pratique visant à la réduction de la quantité de haies en France n'a pas été sans conséquences. Elle a entrainé non seulement des problèmes agronomiques, une érosion des sols, mais également de lourds problèmes environnementaux. Des conséquences environnementales d’ampleur se sont fait ressentir, et sont visibles aujourd’hui. A ce titre, on relève notamment des inondations, les eaux n’étant plus absorbées par les haies, et des éboulements de terre se produisent dans les terrains en pente. Les haies avaient pour avantage de retenir ces terres.
Une pollution des eaux par les pesticides agricoles autrefois absorbés par les haies est également relevée. Ces conséquences étant à fortiori moins importantes et surtout moins visibles dans les plaines, cet arasement massif y a été beaucoup mieux accepté. Comme il l’est dans les zones périurbaines, où le global désintérêt des citadins pour la campagne, laisse aux agriculteurs une marge de manœuvre conséquente.
L’arasement massif a ainsi entrainé d’une part, la diminution de la diversité biologique par la disparition des espèces comme notamment les reptiles qui ne peuvent vivre que si les talus existent, et d’autre part, le développement d’espèces adaptées aux champs ouverts et pouvant être « nuisibles » (l'étourneau, par exemple), aux dépens des oiseaux insectivores qui se raréfient, notamment par diminution de la faune d’insectes auxiliaires des cultures. Toutefois, les conséquences ne se limitent pas à celles jusque-là énoncées.
La haie a une fonction de régulateur hydraulique et climatique : elle conserve les sols, maintien les équilibres interspécifiques, mais elle permet principalement la reproduction des espèces qui y nichent, et améliore le cadre de vie. Elle protège également du vent.
De surcroit, la disparition des haies dans les campagnes et particulièrement dans les champs, l’uniformisation des paysages ruraux, la disparition des petits bois et des sols nus, auxquels s’ajoute la diminution des plantes à fleurs, entrainent la disparition des abeilles et des insectes. Une étude publiée dans Plos One, et réalisée par des chercheurs allemands déplore, sur les trente dernières années une diminution de 80 % des invertébrés ailés sur le territoire européen.
Comme le précisent le Muséum national d’histoire naturelle et le CNRS, un tiers des oiseaux spécifiques, c’est-à-dire les espèces d’oiseaux vivant dans un milieu spécifique, comme l’alouette des champs ou la fauvette grise ont disparu de nos campagne ces quinze dernières années, alors que les oiseaux généralistes, comme le pigeon ou la tourterelle, pouvant s’adapter à différents milieux, aux milieux ouverts notamment, subissent ce déclin de manière moins significative, bien qu’elles ne soient pas pour autant épargnées. Sans espace pour s’abriter des intempéries, se protéger des prédateurs et pour y installer leur nichée, ils ne peuvent se reproduire et sont voués à disparaitre.
L'on observe néanmoins en Bretagne, une politique de réintroduction du bocage menée depuis quelques années. Certains agriculteurs replantent des arbres en ligne autour de leurs champs dans le but d'améliorer leur productivité.
La haie offre le gîte et le couvert à une multitude d’animaux de tous groupes zoologiques, mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, mollusques, insectes, microorganismes, de tous niveaux de colonisations et de toutes formes d’alimentations (détritivores, herbivores, granivores, insectivores, carnivores). En l’absence de haies, ces espèces se retrouvent menacées d’extinction.
Dès lors, au travers de cette pétition, nous demandons au législateur de décider d'une mesure visant à la réintroduction progressive de haies dans les champs français, par la mise en place d'un quota minimal de haies présentes en tant que bornage, par mètres carrés de terrains agricoles détenus par chaque agriculteur. Ainsi, chacun pourrait voir ses champs dotés d'un minimum de haies, si bénéfiques pour les diverses raisons citées.
Nous vous remercions pour la lecture de cette pétition et demandons à La Conférence des Présidents du Sénat d'étudier ce développement s'il recueille le seuil minimal de signatures dans le délai prévu, afin que soit possible une inscription à l'ordre du jour d'un texte législatif relatif à cette pétition et ses idées.